Mardi 2 Décembre. Un petit appartement parisien banale, avec salon équipé haute technologie, cuisine américaine, une chambre avec deux lits et une salle de bain banale. Une grande baie vitrée donnant une vue imprenable de la capitale, le ciel gris, les nuages tournent, la pluie constelle les immenses vitres de minuscules gouttelettes scintillantes comme les diamants.
Une locataire pour le moment, Marine Stewart, étudiante anglaise jeune, belle, souriante. Venue de Londres pour faire des études d’hôtellerie, bosseuse, intelligente et ne manquant pas d’humour. Elle est allongée sur le canapé en cuir vert, devant la télévision allumée. Elle passe une douce main aux longs doigts fins dans ses cheveux bruns glissants sur le cuir comme une cascade. Ses magnifiques yeux marron fixent l’écran numérique. Elle attend… Elle l’attend surtout ! Ce colocataire mystérieux dont on lui a parlée. Un certain Jack Heart. Drôle de nom, Cœur ! Que dire de plus sur lui ? Ce doit être un tombeur si l’on en croit la réputation venant de son ancienne Université. Il fait des études dans la restauration ou quelque chose dans ce genre.
La porte s’ouvre, grinçante, un pied léger foule le parquet. Il entre dans son nouvel appartement. C’est lui, c’est Jack…
Jack Heart est du Sud de la France, issu d’une famille franco-anglaise, il est de Marseille plus précisément, ce qui lui donne un léger accent à couper au couteau ! Et pourtant ! Il est tellement pâle qu’on le dirait malade, il n’a jamais eu ce teint légèrement bruni qu’on les Méditerranéens ! Il a de longs cheveux en bataille d’un noir de jais au soleil, qui deviennent ternes les jours pluvieux. Et ses magnifiques yeux bleus océaniques ayant fait craquer la plupart des étudiantes qu’il a croisés depuis des années.
Il a cette façon de se tenir face à une femme, et quelle façon ! Toujours bien droit, la tête légèrement inclinée sur la droite, les épaules rejetées en arrière, bras croisés, ses longs doigts fins soutenant son chapeau noir dont il se sépare rarement.
Bien qu’encore jeune, Jack fait bien attention à se façon de s’habiller, et soutenant l’air de bonne famille qu’on lui donne, il arbore un look à faire rougir le plus élégant James Bond qu’il puisse existé !
Le jour, il est presque toujours en T-shirt et en jean, avec à ses pieds de vieilles baskets usées. Mais c’est la nuit, dans la ville « By Night », lorsque les lampadaires s’allument, que presque personne ne s’aventure dans la rue, que l’on découvre le véritable Jack ! Le « Séducteur de Paris » ! Il est toujours dans le même théâtre le soir, en représentation tous les Vendredi, sa guitare électrique à la main…
Il est toujours avec sa veste de costume noir passée par-dessus une chemise blanche dont les manches trop longues sont rabattues sur les manches de la veste. Il a toujours une cravate noire desserrée, son jean trop long frotte le sol. A ses pieds, des chaussures en cuir mal cirées.
C’est un jeune étudiant élégant, vif, ardent, sûr de lui, le genre d’homme qui attire les femmes ! Il a ses envies, ses ambitions, et il est prêt a tout pour y parvenir ! En effet, ses études de psycho le fascinent énormément, et sa vie est menée tambours battants par la musique et les études.
Cependant, il n’aime pas que ça ! Il aime le septième art et ses succès, aller au cinéma le weekend, sortir avec ses amis, aller au restaurant, ou alors rester seul à répéter ses morceaux.
Parfois solitaire… Cet aspect de sa personnalité reste cachée le plus souvent aux yeux des autres. En effet… Il renferme quelque chose au plus profond de lui…
Marine l’accueil d’un sourire sans équivalant, ne le jaugeant pas du regard, elle se contente de tendre la main vers lui :
-Salut Jack ! Je t’attendais !
La voix douce et fluette de la jeune femme accompagne harmonieusement celle légèrement plus grave de l’homme :
-Salut. Tu dois être Marine ? On m’a un peu parlé de toi avant que je n’arrive !
Elle rougie, réaction soigneusement dissimulée dans la pénombre ambiante de fin de journée pluvieuse parisienne. Il enlève son chapeau et le pose par-dessus sa veste en cuire sur le porte-manteau à sa droite. Il pose sa valise dans le salon et laisse aller son regard dans l’appartement. Toutes les portes sont ouvertes, le parquet est soigneusement nettoyé, la télévision à le son baissé. Il n’y a personne d’autre apparemment. Ils ne seront que tout les deux ! Ses yeux océaniques se posent enfin sur sa colocataire.
Marine est le genre de femme à se faire discrète. Grande, de la même taille que Jack, les longs cheveux bruns soigneusement lissés. Ses yeux marron, ses lèvres fines, son nez aquilin et son visage d’une perfection surnaturelle la rendent irrésistible. En effet, de nombreux garçons lui courent après.
Elle est très romantique, souvent rêveuse, calme et posée avec certaines personnes. Mais avec ses amis, elle est souvent excitée ! Elle aime être désirée, ce qui n’est ni un défaut, ni une qualité.
Elle vient de Londres pour faire des études d’hôtellerie, ce qui lui donne, malgré une parfaite maîtrise de la langue française, un léger accent britannique achevant définitivement les garçons la draguant. Elle aime être au calme, étudier tranquillement avec un café prit au bar d’en face… Elle écoute énormément de musique, du classique au moderne, ses goûts varient entre Mozart et Armonstrong. Elle adore la Jazz !
-Bon… Ben ça sert à rien que je te fasse visiter, je te laisse t’installer… Je t’attendais, je vais te laisser… J’ai… Un cours à revoir… Désolé… A… A tout à l’heure !
Elle hésite légèrement, fais un petit signe de main, attrape son sac, le passe en bandoulière, et s’en va sans verrouiller la porte d’entrée. Laissant son nouveau colocataire seul.
Il hésite un peu, prend sa valise et la dépose dans la chambre. Il sort ses affaires et les range dans la commode, il met sa veste de costume dans l’armoire. Rien n’a changé ! Certains de ses souvenirs sont bons, d’autres plus mauvais semblent tâcher les murs de dessins étranges. Il s’approche doucement, comme au ralenti, du mur opposé à l’armoire, il monte sur le lit le plus éloigné de la porte et enlève regarde à travers les rayures de la petite grille d’aération à la tête du lit. Quelque chose est cachée dans la semi-obscurité du conduit.
Jack tente d’enlever la grille avec le bout des doigts, mais elle est fixée au mur par des visses et il ne fait que se faire mal aux ongles. Il redescend du lit en suçant ses doigts meurtris et quitte la chambre. Il marche jusqu'à la baie vitrée. Il commence par regarder les toits de Paris. Cette vue imprenable sur la capitale a pour effet de renforcer son impression de se retrouver quelques années auparavant.
Il se penche jusqu'à ce que son crâne ne colle la froideur macabre de la vitre. A travers les traînées liquides laissées par les gouttes, il voit sa nouvelle colocataire attendre sur le trottoir. Les bras croisés, l’air lugubre, il appuie son épaule contre la baie vitrée et continu à scruter la jeune femme de la hauteur de l’immeuble.
Plutôt pas mal celle-là… On rajoute un peu de poitrine et c’est la fille idéale ! Mais il ne faut pas trop en demander. Une voiture s’arrête devant la colocataire, Jack se penche pour voir de plus près qui c’est. Créneau superbement maîtrisé, la portière du côté conducteur s’ouvre, un jeune homme sort de la voiture miteuse.
Grand, une masse de cheveux blonds parfaitement lissés, une tapette échappée d’une Gay-pride ? Non on dirait que c’est le mec de cette femme… Le regard sombre de l’homme surplombant la scène se pose le couple en train d’échanger un baiser furtif. Un amour interdit ? Qui sait… Ce qui est interdit c’est cette façon de se tenir face à une femme ! Il ne sait vraiment pas s’y faire ce type !
Ils partent, elle entre au côté passager et le véhicule part. Laissant Jack seul avec sa pensée dans l’appartement. Il semble qu’il connait se mec… Peut-être un ancien, en espérant qu’il ait arrêté ces conneries tout comme Jack l’a fait !
Plus décidé qu’avant, il décroche le téléphone et appel la pizzéria la plus proche. Commande express, pizza trois-fromages et c’est parti ! Il fouille les tiroirs du salon et de la cuisine, à la recherche d’un tournevis cruciforme. Il soupire lorsque ses doigts effleurent la pointe d’un de ces engins. Il tire l’objet hors du tiroir et marche, toujours de ce même pas lent et élégant, jusque dans la chambre, il remonte sur le lit et se penche sur le problème de la grille.
Il joue avec la pointe du tournevis et enlève les visses sans soucis. Il enlève la grille et la jette à ses pieds. Il se met sur la pointe des pieds et plonge le bras dans l’espace libéré. Il sent la poignée dans la paume de sa main, il tire de toutes ses forces, il n’aurait pas du la mettre aussi profondément ! C’est une bonne planque, mais pas facile d’en faire sortir ce dont on a besoins !
La vieille mallette noire en cuir usé sort enfin de sa cachette ! Il soupire, personne ne semble y avoir touché ! Il saute du lit et pose sa découverte à plat sur le parquet. Il joue avec le cadenas, il se souvient exactement du code qu’il a donné à la mallette !
Le déclic provoque en lui un sentiment de soulagement et de puissance. Il ouvre le dessus de l’objet et observe le scintillement mortel des objets contenus dans la mallette… Il est prêt… Au cas où… Mais Jack espère ne pas avoir à s’en servir !
Il range ses affaires comme elles étaient avant, remet tout dans la cachette et revisse la grille d’aération. Il sort de la chambre et se tourne vers la cuisine. Il est temps de faire bonne impression à la jolie brunette !
Le repas est presque terminé, plus que quelques minutes de cuisson et tout sera prêt. Un bruit provient de la porte d’entrée, comme si on tente de forcer la serrure. Jack, d’un sang froid imperturbable, marche jusque devant la porte, et voit une ombre se dessiner sur le sol, passant par les raies de lumières venant du couloir extérieur. Il prend un sac plastique et éteint les lumières du salon.
Rapide comme un fantôme, il se glisse dans l’ombre, dans un coin reculé, prêt à bondir. La porte s’ouvre, pas pesants, pas discret, mais ce ne sont pas le bruit des talons de la colocataire, il a vu les chaussures qu’elle portait, des talons d’il ne sait combien de mètres de haut…
La personne, rousse, arrive avec sa lampe torche dans le salon, le faible halo n’éclaire pas Jack, qui en profite pour approcher lentement derrière l’intrus… ne pensant pas à retenir sa respiration, l’homme entend Jack arriver derrière lui, se retournant, prêt à lui donner un coup de batte de base-ball. Jack esquive le coup au dernier moment, saute sur l’ennemi et se bat comme un enragé.
Il passe brutalement le sac plastique sur la tête de l’intrus. Les bruits d’agonis sont étouffés par le pastique couinant faiblement. Les mains de l’homme tentent d’attraper le cou de Jack, qui se recule au dernier moment. Il est mort… Et c’est sans le moindre remord que Jack le pose sur la table et entreprend, sans un tremblement, comme s’il avait fait ça toute sa vie, de le mettre dans un sac poubelle…
Sujet: FRAGMENT de Jack H. HAMMER - Prologue 
Sam 6 Déc - 15:12